Cervières : porte fortifiée du bourg (photo Grahlf/P. Terras).
Cervières : porte fortifiée du bourg (photo Grahlf/P. Terras).

Estivales 2024 – Dans le Haut Forez

Samedi 17 août, l’Estivale du Grahlf se rend dans le Haut Forez, du côté de Cervières et du château des Cornes d’Urfé.

Cervières

1. Le bourg
Situé aux confins du Forez, de l’Auvergne et du Bourbonnais, sur un promontoire avec vue à 360°, Cervières a, au Moyen Âge, le statut de ville de par sa situation stratégique sur la route reliant Lyon à Bordeaux.

Notre guide nous conduit au Musée historique où se trouve une maquette de Cervières fidèle à l’Armorial de Revel du XVe siècle.
Son étymologie renvoie à lieu de chasse (cerf) ou, plus probablement, à point élevé (comme le Cervin).
Son territoire a été disputé entre les comtes du Forez et l’archevêque de Lyon : querelles qui se sont terminées grâce à la médiation de l’empereur d’Allemagne, Frédéric Barberousse.

Du château construit en 1181 par le comte Guy de Forez, il ne reste que 2 tours sur la trentaine que comptait son enceinte. Cervières était alors lieu de pouvoir politique (un capitaine-châtelain représentait le comte en son absence), temporel (cour de justice et prison), spirituel (église) et économique.

Le groupe se rassemble sur la place de la Halle, dans la rue Marchande qui suit les anciens égouts. Au Moyen-Âge, Cervières était prisé par les marchands : il y avait 2 marchés par semaine et 8 foires par an (draps de laine de mouton noir, vêtements en chanvre cultivé dans les fossés du château).
Le château a été démantelé sous Richelieu et des pierres de récupération sont visibles sur les façades.
En déambulant dans les rues, on peut repérer des maisons à fenêtres en anse de panier dans lesquelles se tenaient les commerces. Les échoppes étaient pourvues de volets horizontaux et le volet inférieur servait d’étal, d’où l’expression « trier sur le volet ».
Une maison Renaissance, appelée l’Auditoire, était la résidence du capitaine-châtelain.

Notre guide nous conduit sur le chemin de ronde d’où l’on domine la plaine des Batailloux qui, aux Xe et XIe siècles, a été le théâtre des attaques des sires de Beaujeu et d’Urfé. Dans cette plaine, on voit beaucoup d’étangs pourvoyeurs de poissons, étangs naturels ou creusés sur demande du comte. En remontant vers le bourg, on remarque une petite chapelle dédiée à St Roch (invoqué au moment des épidémies de peste comme celle du début XVIe siècle qui tua le tiers de la population). Au XVe siècle vivait à Cervières une confrérie de Pénitents Blancs.
Quand on descend la rue où travaillaient les forgerons, on aboutit à la porte des Farges qui ouvre sur le chemin Lyon-Bordeaux, axe qui assura la prospérité de Cervières. Mais, en 1780, à l’initiative d’un abbé, Joseph-Marie Terray, contrôleur général des finances, fut percée la route Montbrison-Thiers, moins pentue (la future Nationale 89), qui détourna le trafic de la ville : Cervières périclita au profit de Noirétable et devint un village. Et l’arrivée du train a accéléré son déclin. Actuellement il n’y a plus que 20 résidents permanents.

L’église gothique, construite aux XVe-XVIe siècles, est placée sous le vocable de Sainte-Foy et possède à l’intérieur une très belle pieta naïve du XVe siècle. La nef, flanquée de 2 bas-côtés, est raccourcie pour s’adapter aux contraintes du tissu urbain, ce qui donne un volume carré à cette église. On remarque les retombées d’ogives sculptées (visages des évangélistes).

Cervières : le musée des Grenadières, rue marchande (photo Grahlf/P. Terras)
Cervières : le musée des Grenadières, rue marchande (photo Grahlf/P. Terras)

2. Les Grenadières
Entre 1900 et 2012, 1 250 personnes, des femmes exclusivement, ont réalisé des broderies au fil d’or. À l’origine, elles travaillaient exclusivement pour les vêtements des militaires : les broderies de grenades sur les uniformes leur ont donné le nom de grenadières. Cette activité a connu son plein essor entre les deux guerres. Après 1945, on comptait 500 brodeuses, et c’est dans les années 1970 que le déclin de l’activité s’accéléra.

La technique a été amenée dans les années 1890 par 2 jeunes filles qui avaient appris à Paris ce savoir-faire utilisant la cannetille : il s’agit d’un paquet de fils de cuivre torsadés, plaqués d’or ou d’argent par électrolyse, ces fils sont des ressorts creux de 80 centimètres à 1 mètre, pesant 1 g. Ils sont fabriqués à Lyon et une cannetille coûte entre 800 et 1 000 €. C’est un matériau très fragile que l’on découpe à la demande pour réaliser la broderie. Une grenadière était payée à la pièce, par exemple l’équivalent de 5,80 € pour un écusson devant être réalisé en une heure. C’est un savoir-faire transmis, et les grenadières travaillaient à domicile sur un métier à broder, le patron (facteur de fabrique) leur apportant les matériaux : cela représentait un complément de revenu pour les familles paysannes . La fabrication s’est arrêtée en 2012, en raison de la concurrence des pays d’Asie et de la broderie mécanique ; les broderies sont maintenant faites en Inde, au Pakistan, à la machine avec des fils dorés.
Aujourd’hui en France, le métier, qualifié de métier d’art, est dispersé un peu partout.

Le château des Cornes d’Urfé (Champoly)

Le groupe est accueilli par le président de l’Association pour la Renaissance d’Urfé qui nous servira de guide.

Château des Cornes d'Urfé : vue d'ensemble (photo Grahlf/Fr. Chommy)
Château des Cornes d’Urfé : vue d’ensemble (photo Grahlf/Fr. Chommy)

Au XIIe siècle, c’est un château-frontière avec garnison entre l’Auvergne, le Bourbonnais et le Forez. Il est construit sur un rocher et le mur d’enceinte est entouré de douves sèches. C’est au XIVe siècle, sous l’impulsion de Guichard d’Urfé qu’il devient une solide forteresse lui donnant son actuelle silhouette. Des modifications ont été faites en 1430 et 1460, et en 1500 est ajoutée une tour à canons. C’est à ses tours vue de loin qu’il doit son nom de Cornes d’Urfé depuis le début du XXe siècle.

Le groupe s’engage sur le chemin bordant le mur d’enceinte extérieur et aperçoit 2 meurtrières indiquant que la cour basse (qui pouvait abriter les « hommes » du seigneur) était à un niveau bien inférieur.
On entre dans le château par une tour carrée défendue par un assommoir et fermée par un portail. À l’intérieur, les bâtiments s’ordonnent autour d’une cour, au centre de laquelle on peut voir une citerne qui recueille les eaux pluviales et, sur le côté, les cuisines et un four à pain qui a été remonté et fonctionne encore. La grande salle seigneuriale s’appuyait sur le flanc sud de la muraille et voisinait le donjon. Cette tour, haute de 18 m, recouvre un sous-sol voûté qui conservait les denrées au frais au dessus duquel se trouvait la salle de garde. Au sommet, on a une vue à 360° et des plaques émaillées présentent les différentes portions du paysage.

Compte-rendu de Colette Omerin

Pour visualiser le diaporama cliquer sur le lien dans le Haut Forez