Le samedi 27 juillet, le Grahlf proposait de visiter le site médiéval de La Regardière avant de se rendre devant la forteresse de Couzan.
La Regardière
C’est Jacques Verrier qui nous servira de guide sur ce site se trouvant à 1 250 m d’altitude sur le versant Nord des Monts du Forez, dans la forêt de La Regardière. Il a été signalé en 2016, à l’occasion des prospections archéologiques entreprises sur les Hautes Chaumes. Des fouilles triennales ont ensuite été organisées à partir de 2020 sous la direction de Christophe Mathevot.
Ce site est composé d’un ensemble de bâtiments groupés et installés en bordure d’un large fossé s’écoulant dans le sens de la pente qui le sépare d’un autre ensemble de constructions situées à une certaine distance, sans doute un village.
Il a été daté (C14 et céramique) : une première occupation autour de l’an 1000, et une deuxième aux XIIIe et XIVe siècles ; puis, il a été abandonné.
Au XIe siècle, il se trouve dans un territoire relevant du comte de Forez alors en guerre contre l’archevêque de Lyon. Au milieu du XIIe siècle, un 1er accord aboutit à un échange de possessions, suivi d’un 2e accord en 1173 fondé sur une permutation de terres avec des zones bien délimitées entre les deux seigneurs.
Au début du XIIIe siècle, un document (1206 ?) cite la villa de La Regardière alors donnée, par le comte de Forez, Guy II, avec ses pâtures, ses terres agricoles et ses bois, aux moines cisterciens de La Bénisson-Dieu. Il y a eu alors probablement une remise en état.
En 1733, le domaine a été vendu à des habitants de Courreau. Clos de murs, l’ensemble, sur le côté duquel se trouve un bief, couvre environ 1 500 m².
Le bâtiment le plus imposant (B1 sur l’image ci-dessous) d’une superficie de 70 m² environ, au sol en terre battue, a été partiellement fouillé. C’était probablement une étable.
Dans la cour de la ferme, il y avait sans doute des greniers et autres constructions en bois. Le bâtiment B4 était la boulangerie avec son four à pain (daté d’environ 1000-1100) : prémices d’un four banal servant aux villageois installés à côté du domaine.
Le bâtiment B3a avec son couloir d’accès en virgule est le premier bâtiment fouillé : dans la partie basse, se trouve le niveau d’un plancher renforcé par des poutres (traces de trous de poteaux). Est présente une circulation d’eau.
Dans le bâtiment B3b un dallage a été retrouvé ainsi que les traces d’un foyer.
Le bâtiment B2, divisé en 3 parties, était l’habitation du propriétaire. Des céramiques et un foyer ont été retrouvés ainsi qu’un enclos. Un vide entre les bâtiments servait à l’écoulement de l’eau.
En haut du fossé, il y avait une réserve d’eau : une retenue (barrage) permettait aux habitants de la puiser.
Au delà, à 400 m, se trouvait le village composé d’une trentaine de bâtiments alignés.
Le château de Couzan
Présentation.
C’est au XIe siècle que Hughes de Damas, issu de la maison de Semur, a fondé le château sur un pic granitique dominant le Lignon. Plus tard fut édifiée à proximité une église destinée à attirer les paysans, mais, ces derniers ont abandonné le village au XVIe siècle pour s’établir à Sail : elle était dédiée à St Saturnin avant de l’être à la Vierge. À la fin du XIVe siècle, l’église en grande partie détruite (guerre de Cent Ans) devient une chapelle privée ; auparavant, avait été ajoutée une chapelle latérale de style gothique, et la toiture avait été rehaussée. À l’intérieur, il y a, trouvée dans un mur d’enceinte de la forteresse, une pierre à dîme, (utilisée comme bénitier) : les visages qui l’ornent représenteraient les bonnes et les mauvaises années de récolte.
Les Damas sont une famille de guerriers, dont l’hommage est l’objet de rivalités entre les Beaujeu et les comtes de Forez qui l’ont finalement obtenu. En 1360, à la suite de la paix entre la France et l’Angleterre, les Compagnies d’Écorcheurs déferlent dans le pays, surtout après la mort du comte.
La lignée des Damas s’est éteinte au milieu du XVe siècle et la forteresse est passée ensuite à plusieurs familles : les Lévis qui l’ont délaissée pour s’installer à Chalain d’Uzore, plus confortable, les Luzy, au début du XVIIe siècle, et les Thuy de Milly à partir de la fin du XVIIIe siècle. Elle est très largement ruinée quand, en 1932, elle est acquise par la Diana qui, après avoir réalisé des travaux d’urgence, a entrepris depuis 1995 des campagnes de restauration.
La basse-cour.
Au XIVe siècle, le seigneur de Couzan, Guy II de Damas, qui servait le roi de France (il fut son Chambellan en 1401), entreprend d’agrandir la basse-cour pouvant abriter entre 500 et 1 000 hommes ce qui rendait la château imprenable, d’autant qu’il fait aussi construire une courtine complétée par un fossé. La porte était défendue par un pont-levis et un virage qui compliquait encore l’accès au château par des assaillants. Le seul moyen d’attaquer le château restait l’emploi d’échelles contre les murailles.
Dans cette basse-cour (2 ha), située à un niveau de 2 m plus bas qu’actuellement, se trouvaient des troupeaux (vaches, brebis, porcs…), des ateliers de sellerie, des saloirs, des caves, un boulanger (four banal). Il y avait aussi une capitainerie aux XVe-XVIe siècles, époque où les seigneurs de Lévis ne résidaient plus à Couzan : la porte du XVIe siècle est ornée du blason des Damas (croix ancrée coupée à la gorge). Il y a également un puits, construit sur une source qui ne tarit jamais : il porte les blasons des seigneurs de Couzan comme celui des Damas, des Lavieu-Feugerolles et des Lévis.
La muraille a été ouverte au début du XVIe siècle afin de faciliter l‘accès du château aux paysans venant de St-Georges. Et des canonnières ont été percées pendant les Guerres de Religion par les seigneurs de St Priest.
Au XIIe siècle, avaient été construites une 2e et une 3e murailles aujourd’hui disparues, dominées par la 4e muraille, celle de la haute-cour, la plus ancienne.
Le château
Bâtie au XIe siècle au sommet d’un éperon rocheux, la citadelle est d’accès difficile : Guy II de Damas l’a agrandie au maximum. On y pénètre par une porte en ogive tandis qu’une barbacane, doublée par une tour de 3 étages, défend la haute cour. Les murs ont été construits par des compagnons maçons qui les ont renforcés par du mortier à la chaux.
Dans la haute-cour, se trouvaient 3 bâtisses datant du XIIe siècle ; le donjon, à la construction irrégulière, a été abandonné par Guy II qui a fait édifier une grande maison avec caves, rez-de-chaussée avec galerie, et un étage, où se trouvait une grande salle de réception avec cheminée : elle servait aussi de lieu de paiement des taxes seigneuriales et de séance de la justice.
Il a également fait construire une tour de prestige, surmontant 2 étages de caves et abritant des chambres, assez peu confortables, dont la sienne. Elles possédaient de larges cheminées et des fenêtres fermées de vitraux ainsi qu’un sol en dallage. Les latrines des chambres sont décalées et ont chacune leur conduit d’évacuation. L’escalier d’accès aux étages, séparés par des planchers circulaires, était à l’extérieur.
Compte-rendu de Françoise Robert
Pour voir le diaporama cliquer sur le lien de la montagne de Courreau à la vallée du Lignon