Pour la reprise des visites après une année « blanche » due à la crise sanitaire, le GRAHLF avait programmé le 17 juillet deux visites de châteaux sur le thème Entre la rivière Dore et le ruisseau de la Faye.
Le château de la Faye
Un épais brouillard nous accueille sur le site. Avec une pointe de romantisme, nous pouvons dire que le château médiéval sort des brumes de l’histoire. Le propriétaire jure uxoris, Monsieur d’Orange, guide nos pas au travers des vestiges.
A proximité immédiate du château, un très petit groupe de bâtiments en ruine dont la maison du fermier habitée jusqu’aux années 1950. Le château, quant à lui, restera habité jusqu’à la Révolution. Comme beaucoup d’autres châteaux, il a servi de carrière de pierre. Des vols de pierre ont eu encore lieu en 2010.
Le château de La Faye, qui apparaît à partir du XIIIe siècle dans les textes, fut souvent transmis par les femmes. Après la première famille connue de Montravel, la seigneurie est transmise par mariage aux Boulier du Charriol, aux Calard puis aux Talaru-Chalmazel. Par vente, le château devient propriété en 1703 de la famille de Provenchères qui le possède encore. Le propriétaire le plus célèbre parmi tous reste Guillaume de Montrevel, plus connu sous le surnom de L’Hermite de la Faye, mort en 1413.
Le système défensif se compose d’une enceinte quadrangulaire cantonnée de tours. Le chemin d’accès était défendu par une tour sud-est dominant l’ensemble de l’édifice. A l’intérieur de l’enceinte, deux corps de logis en vis-à-vis s’adossaient contre les courtines nord et sud. Le corps sud était coupé transversalement par la chapelle seigneuriale. Au XVe siècle, la courtine sud du château fut largement ouverte pour éclairer le corps de logis qui lui était adossé. Au XVIIe siècle, afin de rendre le château plus habitable, un long bâtiment à arcades fut construit dans le prolongement de l’entrée principale.
La visite commence par la partie dite de la galerie Renaissance. C’est une grande salle, voûtée au rez-de-chaussée à l’origine, avec de larges ouvertures à l’étage. Seuls les murs sud et ouest sont encore debout, même si le mur ouest menace de s’écrouler. Nous pénétrons ensuite au coeur du château fortifié dont il est actuellement difficile de retrouver l’agencement intérieur, à cause des éboulements. Le corps de logis a presque entièrement disparu ; ne subsiste qu’une porte dont le chambranle est orné d’une distinction. Seules cinq tours sont encore debout (dont une écroulée à moitié) et il est possible de deviner les fondations de deux autres tours. La tour nord-est possède de belles encadrures de porte. La tour dite du donjon possède quatre niveaux. La tour de la chapelle était à l’origine une tour-porte carrée, (l’ancienne porte d’entrée du château constitue une partie de la nef par sa voûte en plein cintre). La chapelle a fait l’objet de fouilles clandestines dans le passé, car une légende raconte que des quilles en or sont cachés dans le château.
Dans l’ensemble, la partie sud-est est la mieux conservée. Ce qui est suffisant pour se faire une idée de l’importance du château.
Tout au long de la visite, le guide a fait part de ses activités et de son expérience dans la restauration du château. En effet, quand il est entré en possession du château en 2001, celui-ci était noyé sous les arbres et le lierre. Plusieurs murs ont été restaurés, les lierres et les arbres supprimés pour dégager le château et sa vue. Le lieu étant classé Monument Historique, les travaux se font sous le contrôle de la DRAC. Ce qui est une contrainte par le respect des règles que ce statut implique mais ouvre la possibilité d’obtenir des aides tant pour financer les restaurations que pour être conseillé pour mener celles-ci au mieux. Les chantiers sont financés par les fonds propres des propriétaires et les subventions des Monuments Historiques. La création d’une association permet d’aider au projet de restauration en favorisant la connaissance du château, notamment par l’organisation de festivals.
Les restaurations entreprises assurent la sauvegarde de l’ensemble où des fouilles méthodiques (la DRAC a manifesté son intérêt pour certaines parties du site, qui ne peuvent donc pas faire l’objet de restauration tant que des fouilles n’auront pas été achevées), des dégagements et des consolidations ultérieurs rendront possible une résurrection de cette demeure si particulière par son architecture et son histoire.
Compte-rendu : Erwann Rolhion
Lien pour le site du Château de la Faye : Château de la Faye