Maison de l'améthyste (photo F. Chommy)
Maison de l’améthyste (photo F. Chommy – Grahlf)

Estivales 2018 – Eglises du Ht-Livradois (La Chapelle/Usson, Mailhat) & Chemin de l’améthyste

Le thème de la journée donne l’occasion de visiter La Chapelle-sur-Usson, Mailhat avant de découvrir les mines d’améthyste de Pégut et la maison de l’améthyste du Vernet-La-Varenne.

La Chapelle-sur-Usson

Église de la Chapelle-sur-Usson (photo F. Chommy-Grahlf)
Église de la Chapelle-sur-Usson (photo F. Chommy-Grahlf)

Dans un premier temps, notre groupe a fait étape à La Chapelle-sur-Usson (mentionnée Capelle Subtus Usson  dans un pouillé des bénéfices du diocèse de Clermont datant de 1535).

Seigneurie jusqu’à la Révolution, la Chapelle-sur-Usson abritait un château-ferme accolé à l’église qui fait l’objet de notre visite, et que surmonte un clocher carré ajouté au XVIIe siècle et surélevé en 1864.

Nous pénétrons dans cette église romane Saint-Julien-de-Brioude par le porche Sud, porche gothique du XIIIe siècle appelé ganivelle.
A l’intérieur, nous découvrons une nef unique voûtée en berceau qui s’est agrandie au XIIIe siècle d’une nef gothique à deux travées voûtées d’ogives retombant sur des culots sculptés.
Le chœur à chevet plat a été reconstruit en 1884-85.
Dans la nef romane, on peut voir des couches de peintures murales des XVe– XVIIe siècles, tandis que dans la nef gothique, se trouve le tombeau de la famille Morel de la Colombe dont le fief d’origine se situait près de Dore-l’Eglise, et qui fut anoblie pour services rendus pendant la guerre contre les Anglais. Les seigneurs de La Chapelle-sur-Usson sont issus d’une des deux branches qui fit souche en Haute-Loire. Au XIXe siècle, un Morel de la Colombe se distingua comme chasseur de loups : on parle de 400 bêtes à son actif…

Compte-rendu de Colette Omerin

L’église de Mailhat

Eglise Notre Dame de Malhat (photo F. Chommy-Grahlf)
Eglise Notre Dame de Malhat (photo F. Chommy-Grahlf)

Dans un deuxième temps, nous nous rendons à Mailhat où Mme Isabelle Grosjean nous fait visiter l’église : membre fondateur des Amis de l’Eglise de Mailhat qui contribua grandement à la restauration de cet édifice roman, elle nous apporte un éclairage symbolique issu de la théorie anagogique (qui propose d’atteindre, par le visible, l’invisible).

Construite à la fin du XIIe siècle par une école auvergnate ayant subi une influence languedocienne, Notre-Dame de Mailhat fut église paroissiale jusqu’à la Révolution : cette ancienne chapelle du prieuré clunisien de Sauxillanges, construite probablement à l’emplacement d’un temple gallo-romain, propose un ensemble de sculptures qui supporte la comparaison avec les églises majeures de Basse-Auvergne.
Le portail Sud, exceptionnel, attire tout de suite les regards.
De part et d’autre des vantaux ornés de pentures aux motifs fleurdelysés dans leur partie inférieure, une série de colonnes est surmontée d’une quadruple voussure entourant un tympan dont il ne reste rien. Nous remarquons des sculptures qui, à première vue, évoquent les péchés capitaux :  sur le côté gauche du portail, un moine-soldat serre sur sa poitrine une bourse ce qui peut illustrer l’avarice ou bien la charité ; plus bas, une femme nue allaite deux serpents entrecroisés, image traditionnelle de la luxure. En face d’elle, sur le côté droit du portail, se trouve en opposition, un personnage à genoux protégeant sa poitrine des deux mains : il semble inviter à la pénitence…

Les chapiteaux des colonnes du portail illustrent eux aussi les deux thèmes que sont le renoncement aux plaisirs des sens et la lutte contre la tentation : sur la colonne gauche interne, plusieurs personnages serrés les uns contre les autres et retenus par une corde, image des damnés qui s’enferment eux-mêmes ou bien image des chrétiens protégés de l’erreur par l’Eglise, sorte de corde-sauvegarde ? sur la colonne droite interne, un personnage penché en avant se tenant par les genoux, évocation de la colique due à la gourmandise ou de la nécessité, pour le pécheur de s’alléger de ses fautes qui l’accablent pour s’élever ? La tête de diable qui surmonte le personnage est munie de deux langues allant dans deux sens opposés : il est le tentateur au double langage.

Le clocher date du début du XIIIe siècle : à l’origine, il n’avait qu’un étage mais il a été surélevé quand les moines ont construit le grenier. Après la Révolution, comme il menaçait ruine, le 2e étage a été rebâti et les 7 cloches qu’il contenait ont été distribuées dans les communes avoisinantes.

Le chevet, sur lequel fut édifiée au XVe siècle une chambre fortifiée, présente cinq pans coupés : sur chacun d’entre eux se détache en creux un arc de plein cintre reposant sur 2 colonnes encastrées, et présentant un décor différent (en bâtons brisés, en petites boules…) ; les chapiteaux des colonnettes, quant à eux, offrent un décor végétal (acanthes, feuillages, feuille de vigne et raisin) ou animal (monstres à tête de cheval et pattes d’oiseau, dragon, tigre, aigles).

Notre Dame de Mailhat (photo F. Chommy - GRAHLF))
Notre Dame de Mailhat (photo F. Chommy – GRAHLF))

Les 27 modillons placés sous la corniche montrent une progression au fur et à mesure qu’on s’approche de l’entrée Sud : modillons décoratifs, modillons animaliers (tête de bœuf ou de taureau, tête de chèvre ou de bouc, singes, puis modillons à tête humaine.

Ces derniers sont quatre :

  • modillon de l’homme barbu se tenant le menton : image de l’indécision illustrant l’obligation de tout homme de choisir entre Dieu et Satan ?
  • modillon de l’homme qui souffle : l’homme est animé par le souffle de vie donné par Dieu ;
  • modillon de l’homme dont la bouche est remplie d’une sphère : image de la gourmandise ?
  • modillon de l’homme barbu tirant la langue : il use de la parole qui peut toujours être double…

Nous pénétrons à l’intérieur de l’église par l’entrée placée dans le pignon occidental : elle est enfoncée en raison de la surélévation séculaire du sol.

Nous nous retrouvons dans le narthex qui, à l’époque paléochrétienne, était le vestibule réservé aux catéchumènes ne pouvant pas entrer plus avant dans l’église car non encore baptisés. Il devint aussi lieu de repos pour les pèlerins. Les chapiteaux des colonnes délimitant le narthex portent dans leur partie supérieure des sculptures de têtes humaines sortant d’alvéoles ou de feuillages.
A gauche du narthex, nous remarquons des fonts baptismaux accompagnés d’une cuve à sel.

La nef unique, avec sa voûte en berceau brisé, comporte trois travées.

Dans celle qui succède au narthex, deux chapelles ont été ouvertes, l’une au Nord au XIVe siècle dédiée à la Vierge qui servait de sépulture aux moines, l’autre, plus tardive, au Sud où étaient inhumés les défunts de la famille Morel de Colombe.

Sur le mur Nord de la travée suivante se trouve un chapiteau orné de coquilles St-Jacques surmontées d’une inscription signalant son auteur, Bertrand. Sur le mur Sud, un chapiteau avec deux visages humains encadrant une colombe raconte des épisodes du Déluge.

Surmontant la jonction de la nef et du chœur, se trouve une coupole elliptique avec quatre trompes en cul-de-four qui supporte le clocher. Les quatre chapiteaux de cet avant-chœur sont dignes d’intérêt :

  • celui du N-W présente deux visages humains dont les langues doubles, feuillues et fleuries, sortent des bouches et rejoignent les oreilles : les discours des 2 personnages s’entremêlent ; d’ailleurs, ce chapiteau se situe à l’emplacement du prêche, là où se trouvera, plus tard, la chaire ;
  • celui du N-E montre deux phénix buvant à la coupe : image symbolique de la résurrection ;
  • celui du S-W est le chapiteau des trois aigles (l’aigle : image du Christ ?) ;
  • celui du S-E est orné d’entrelacs de feuillages et de spirales, symboles du caractère cyclique de toute existence ?

Le chœur présente dans son abside polygonale un sanctuaire tréflé avec trois vastes niches sous arcs brisés à boudin reposant sur trois colonnes de part et d’autre. Sur les chapiteaux s’adressant aux moines bénédictins et se lisant du Nord au Sud, on distingue : côté Nord, des feuilles d’acanthes, une chouette  dévorant un crapaud (image du combat du bien contre le mal ?), des feuillages et des grenades, deux hommes barbus assis, séparés par une colonne torsadée, et un  homme ailé à genoux, le regard tourné vers le ciel.

Côté Sud, les 5 autres chapiteaux montrent des sirènes bifides (2 fois), des feuilles et des grenades enserrées dans une corde, des palmettes et feuilles d’acanthes, des feuillages en mandorles.

Le chemin de l’améthyste

Mine de Pégut (photo F. Chommy-Grahlf)
Mine de Pégut (photo F. Chommy-Grahlf)

En début d’après-midi, le groupe se rend sur le site des mines d’améthyste de Pégut où nous reçoivent les propriétaires, Jonathan et Magalie Plasse : passionnés par cette variété de quartz qui présente ici des qualités très différentes, ils ont racheté le terrain en juin 2006, et ont entrepris, sur les pentes boisées du ravin de Pégut, de creuser sans machine, et de nettoyer et polir les pierres.

L’histoire de l’améthyste est évoquée : son nom renvoie à un mot grec a-methustos (“qui protège de l’ivresse”) tandis que sa couleur violette en fait « la pierre de l’évêque ». En Auvergne, l’histoire de l’améthyste commence à la toute fin du XVIe siècle : c’est la reine Margot, séjournant à Nonette, qui s’en  fit faire des bijoux, donnant ainsi une certaine notoriété à cette pierre. L’extraction se poursuivit dans le secteur : aux XVIIe et XVIIIe siècles, les filons étaient exploités par des paysans qui remettaient les plus belles pièces à des « Espagnols » venant de Catalogne à dos d’ânes ; mais, à la suite d’un conflit avec les habitants, ces marchands ne sont plus venus, et les puits et galeries furent abandonnés. Au XIXe, l’exploitation reprit grâce à la taillerie de Royat (créée par Joseph Demarty) qui travaillait beaucoup d’objets en quartz blanc et coloré : avec les plus purs, étaient obtenues des pierres à facettes.  La taillerie (« taillerie du Puy-de-Dôme ») prit fin au début des années 2000.

Actuellement, le marché mondial de l’améthyste est dominé par le Brésil et, surtout, l’Uruguay.

  • La galerie (10 m) est creusée le plus souvent en extérieur dans des granites plus ou moins fissurés, et il faut cimenter pour retenir les parois.
  • La « place » est l’endroit où les propriétaires ont commencé à creuser à la recherche des cristaux. Ils ont creusé en profondeur vers un filon qui a été suivi, d’où le creusement d’une tranchée. Le filon ressemble à des racines d’arbres : il peut affleurer puis plonger, et ainsi de suite.
  • Vers la tranchée, nous observons le filon, pas très large mais de bonne qualité.
  • Des explications nous sont fournies sur la formation du quartz qui, selon la teneur en fer, sera plus ou moins coloré.
  • Dans « la zone de recherche » de nombreuses pierres sont accumulées et l’utilisation du grattoir permet d’en trouver d’intéressantes qui pourront être gardées.

Nous terminons notre périple à La Maison de l’Améthyste au Vernet-la-Varenne, espace muséographique où nous sommes  guidés par M. Cayoux : il nous présente la formation géologique de l’améthyste, son mode de gisement et ses applications (bijoux, objets ornementaux…).

Compte-rendu Françoise Robert

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