Après un exposé au cours duquel Jean Chautard explique la fabrication du pisé, le groupe prend la route en direction de Beurrières. Dans une documentation remise à chacun, Jean Chautard a pris soin d’attirer l’attention des participants sur les caractéristiques à observer. La visite permettra de découvrir des sites d’exploitation des roches des pentes livradoises, une ancienne exploitation tuilière, des maisons ou maisons-fermes typiques en plaine et dans le Haut-Livradois.
Le pisé de plaine
à Beurrières
Après le panneau d’entrée de bourg, la première maison sur la gauche présente une grande façade de hangar en pisé raboté par les pluies car orientée au midi ; les levées et terrassés sont en creux par rapport aux filets de chaux plus clairs en saillie.
On remarque les trous de jougs bouchés à la chaux et le chaînage d’angle en pisé croisé.
En entrant dans la bourg, juste après la côte, on repère toutes les maisons carrées – à génoise ou sans – mais presque toutes crépies pour éviter les dégradations. Les rares constructions en pierre étaient ou plus « cossues » ou plus récentes.
Toutes les structures d’encadrement de porte ou de fenêtre, sont en bois (chêne ou sapin). Les montants verticaux sont à section carrée avec tenon s’encastrant dans le linteau. Les angles sont chevillés.
Une suggestion : repartir pour Ambert en passant par Beurrières, Chaumont-le-Bourg, Tonvic et Chadernolles : tout le long du parcours, bels exemples de bâtiments en pisé, restaurés, réhabilités ou non, bien plus nombreux que sur la D 906.
à Chaumont-le-Bourg et Masselèbre
Les maisons carrées – toiture à quatre pans – avec ou sans gênoise sont typiques. Il y a une belle croix forezienne de 1473 avec des bras prismatiques de large envergure, aux amortissements quadrangulaires, à fleurons discrets. Le fût cylindrique élancé est légérement conique et posé sur un dé monté sur un haut piédestal. Le Pont du XIVe siècle est construit en gros appareillage de pierres de taille, avec deux belles arches en berceau brisé, en granit local affleurant sur les premières pentes entre les Issards, Fourcheval et Riols.
L’argile en pays d’Arlanc
Cours
Cent mètres après le carrefour des 4 routes, sur la droite, se trouvent deux gours entourés d’arbres – eaux stagnantes – Ce sont d’anciennes fosses d’extraction d’argile.
Après le passage à niveau, en bout de prairie, vers la pancarte « Jardin pour la terre », en bord de bois, se trouvent les ruines de la dernière et plus importante tuilerie-briquetterie de Cours d’Arlanc.
L’arrivée du chemin de fer en 1897 à Arlanc marque l’arrêt de mort de tout un pan de la production artisanale dans le bâtiment telles que celles du pisé, de briques ou des tuiles creuses, remplacés par des tuiles plates moins lourdes, fabriquées mécaniquement dans des centres tuiliers extérieurs à la région.
Le Marin (La naute)
Il n’y a pas de calcaire en Livradois, donc pas de chaux, d’où les constructions en pisé en plaine et en pierres dès les premières pentes et les affleurements schisteux, liés à l’argile ou plutôt à « la Gore ».
En 1825, Burdin, un ingénieur, entreprend des investigations dans la région de Beurrières, entre Le Beilloux, Vivic et Choupeyres (« Tsaou peyre » = pierre à chaux).
Mais, c’est un calcaire tertiaire, donc composé d’une chaux maigre, 30 de % carbonate de magnésium peu propice à l’agriculture et impropre à la maçonnerie.
Pourtant, les frères Gosset implantent en 1885 une usine à chaux au Marin, dans un ancien moulin farinier. Les rapports de plusieurs « utilisateurs constitutionnels locaux » sont concluants, mais malgré cela, l’usine est revendue en 1890 et ferme définitivement avant 1900. Les bâtiments sont repris pour une scierie des Etablissements Chaumont à Arlanc jusque vers 1960, puis revendus récemment pour le traitement des déchets de bois ou micro usine électrique, car les biefs ont été remis en état. Propriété privée.
Les roches des pentes livradoises
Schistes : roche sédimentaire ou métamorphique présentant une structure feuilletée.
Se retrouve d’Arlanc à Mayres.
Ce sont des pierres plates délitées, souvent à section droite bien marquée, de faible épaisseur et faciles à empiler.
Le fameux Dolmen disparu du Luminier étudié par Pierre-François Fournier, en 1908, était une dalle schisteuse dont un morceau (5,30 m de long) servait de pont sur un ruisselet voisin ( détruit dans les années 1850).
On remarque les murs des bâtiments, les pierres d’angle et les murs de clôture dans les trois villages traversés : Chassouneyres, Maples et Gardelles.
Gneiss – Leptynit : roche métamorphique composée principalement de mica, de quartz et de feldspath.
C’est la roche exploitée dans les trois carrières du Merle. Depuis 1946, il y a trois sites :
- La buge du Mayet, 2500 m2
- Les carrières, 5400 m2
- Les Barthes, 9800 m2 sur 20 ans.
Exploitation de la carrière à la mine et à la barre à mine. Eclatement des roches à la masse ;
chargement manuel puis pelleteuse ; concasseur – crible tournant – calibrage ;
Peu de pierres à bâtir ; plutôt réfection de routes ou de pistes forestières ; sous-couche de grosses pierres, puis couche intermédiaire – cylindrage tassement ; goudronnage ; gravillons 15/30 puis mignonette – grain de riz 4/10.
Aujourd’hui, exploitation de la carrière des Barthes ; location concasseur et stockage des matériaux – livraison.
Granite : roche cristalline à structure grenue d’où son nom (granite = grain).
C’est la roche type du Haut-Livradois.
Exemple d’exploitation et d’utilisation : village de Clavelier avec réemploi des pierres du château Renaissance dans toutes les maisons (voir Topo-guide de l’OT d’Arlanc).
Ou, St Bonnet-le-Chastel, village avec ses maisons Renaissance, ses ruelles, et la porte d’accès au château : ensemble remarquable.
Pays de paysans-maçons, carriers, tailleurs de pierres ; d’où, des forgerons.
Les carrières sont nombreuses – exploitées en filon : » Le Mavel, Le Pont du Roux ». Extraction et taille des pierres sur mesure en hiver. Pose aux beaux jours. Pierres d’angle, chaînage, linteaux et encadrements des portes et fenêtres.
De nos jours, les carrières sont abandonnées et peu marquées.
Texte rédigé d’après la documentation fournie par Jean Chautard.
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