Mardi 29 juillet, une visite du château de Viverols a réuni près de 80 personnes, membres ou non du GRAHLF. Après un bref exposé de Robert Estier, président de l’association, la visite s’est déroulée sous la conduite du propriétaire, Romain Blot.
Inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques en 1926, et aujourd’hui propriété privée, le château de Viverols est le seul vestige important de l’architecture féodale de l’arrondissement d’Ambert et un remarquable témoignage de l’art militaire médiéval dans notre région.
Si tous les auteurs font remonter au XIIIe siècle l’origine de ce château médiéval, on constate que les éléments « romans », sont en fait peu nombreux en dehors des soubassements des murs ouest, nord et est, et des tours rondes qui les renforçaient (en particulier, la tour dite du Veilleur, qui pourrait remonter au XIIIe siècle et a perdu son couronnement), les remaniements furent importants, en particulier à la fin du XVe siècle (la porte d’entrée, défendue par une herse semble être de cette époque) et surtout au début du XVIe, avec les transformations, côté ouest, de l’imposant logis seigneurial, dont les fenêtres primitives auraient été remplacées par des baies à meneaux croisés, et dont on refit l’aile méridionale : il en restait encore au début du siècle dernier un « grand escalier à vis qui conduisait à des salles dont les plafonds à caissons dorés étaient vraiment remarquables » (C. Jamot). Adaptation sans doute à une fonction plus « résidentielle » que défensive, mais l’on ne sait rien de la place tenue par Viverols, au moment des guerres franco-anglaises, ni du reste au temps des guerres de religion. On ne sait pas davantage à quel moment exact il cessa d’être habité par les seigneurs de Viverols, vraisemblablement à la fin du XVIIe siècle, mais sous la Révolution, le séquestre des biens de « l’émigré Beaune » (Montagu de Bouzols) se contente de détailler les « meubles » du bâtiment de la Porterie, sans grande valeur du reste, qui furent vendus aux enchères. Les biens immobiliers, château, prés, bois, ne couvraient qu’une vingtaine d’hectares (sur un territoire communal de 1 250 ha). Le château fut alors vendu comme bien national à plusieurs propriétaires (un Couhert du Vernet, propriétaire aussi de la maison forte d’Etruchat y décéda en 1815). Les derniers propriétaires seront la famille Fougerouse et ses héritiers qui, après de gros efforts de sauvegarde, finirent par le vendre en 2003.
De main en main
La seigneurie de Viverols, après avoir longtemps dépendu des Baffie, entra à la mort d’Eléonore de Baffie (1285), dans le domaine du comte d’Auvergne et y resta un siècle. Vendue ensuite aux seigneurs d’Allègre, elle resta dans cette maison jusqu’au XVIIe siècle, fut échangée en 1665 par Claude d’Allègre, à François d’Aurelle, et à la suite du mariage de l’héritière de cette maison avec Joseph de Montagu, comte de Bouzols, inspecteur général de la Cavelerie, passa aux Montagu de Beaune qui la gardèrent jusqu’à la Révolution.
L’édifice faillit disparaître au XIXe siècle.
L’état actuel du château et l’absence de fouilles archéologiques ne permettent pas de préciser ce que pouvait être le détail de l’organisation intérieure de l’enceinte primitive, mais le plan établi en 1901 par C. Jamot, architecte et membre de la Société Française d’archéologie, est une restitution très crédible du château primitif, dont quelques photographies du XIXe siècle (voir diaporama) donnent par ailleurs une idée précise de son état, avant les fâcheuses dégradations dont il a été l’objet au début du siècle dernier : C. Jamot, dont l’intervention fut sans doute décisive pour les stopper, les déploraient en ces termes en 1901 : « Ces ruines, qui donnent au bourg de Viverols, un aspect si pittoresque, sont malheureusement tombées entre des mains cupides, et les propriétaires, sauf un, sont incapables de comprendre l’intérêt historique du château. On ne s’est pas contenté de démolir une tour d’angle de fond en comble, comme nous l’avons dit plus haut, mais le donjon, sapé à la base, est en train de subir le même sort. Ces remarquables débris de l’art militaire du moyen âge sont exploités comme une carrière de pierres à bâtir, malgré le vœu du Congrès archéologique de Mâcon. La Société Française d’Archéologie s’empressera sans doute de joindre ses protestations aux nôtre pour flétrir de pareils actes de vandalisme ».
Photographie fournie par Jean-Yves Allard
Mise en valeur
Le château de Viverols est une propriété privée. Son actuel propriétaire, Monsieur Romain Blot très attaché à la mise en valeur de ce patrimoine remarquable a créé, au printemps 2008, une association destinée à approfondir la connaissance du château, à en faciliter une possible restauration et à veiller à la préservation de ce site exceptionnel qui s’offre à nouveau parfaitement à la vue.
Cette sortie s’est accompagnée d’une visite guidée du musée Terrasse qui contient une remarquable maquette en bois du château exécutée en 1919. L’après-midi s’est poursuivi par une flânerie dans ce joli bourg médiéval situé aux confins de l’Auvergne, du Forez et du Velay, mais de tous temps « Terre d’Auvergne ».
Compte-rendu établi par Robert Estier
Pour voir le diaporama réservé aux adhérents, suivre le lien.
Note : Le château a été revendu depuis cette visite. Les propriétaires actuels organisent des visites des lieux.