Le 11 août 2007, le Grahlf a organisé, sous la houlette de Jean-Claude Dousson, la visite extérieure du château du Lac, propriété privée relevant de la commune du Monestier et classée au titre des Monuments Historiques.

Présentation

Se situant sur une terrasse très largement artificielle dominant un vallon, c’était une maison forte existant déjà au XIII^e siècle et fortifiée au XV^e siècle. Détruit en 1577 à la suite des Guerres de Religion alors qu’il était une place forte pour les Huguenots du Livradois, il fut relevé et agrandi à partir du début du XVII^e siècle. Son parc fut aménagé au XVIII^e siècle (création de terrasses et d’un enclos) et c’est sous la Restauration qu’il fut remanié et que deux pièces du château (le salon et une chambre au 1^er étage) reçurent un décor peint remarquable représentant les routes des campagnes napoléoniennes (supposées peintes par Joan Ruat ).
Henri Pourrat fit du château un cadre de son roman « Gaspard des Montagnes » paru entre 1922 et 1931.

De forme quadrangulaire, le château se compose, dans sa partie principale, d’un logis barlong en équerre flanqué de deux tours circulaires. La porte en plein cintre, ouverte dans la courtine, est défendue par une bretèche dont il reste les cinq consoles à triples ressauts.

Historique d’après les textes

Le premier seigneur du Lac, désigné comme tel, apparaît au XIII^e siècle : le chevalier Béraud Palmart rend hommage, en 1261, à l’évêque d’Auvergne pour « sa maison et village du Lac » et autres biens (¹). En mars 1316, un autre Béraud reconnaît tenir en fief sa maison du Lac et divers autres biens de Pierre-Maurice, seigneur de Saint-Bonnet et Roche-Savine (²).

En 1424, un autre Béraud du Lac et son fils Louis cèdent à l’abbaye de La Chaise-Dieu leurs droits sur divers villages moyennant la somme principale de 500 écus et une rente annuelle de 25 sols.

En 1499 le « chastel et forteresse » est dans les mains d’une nouvelle famille : il appartient à Annet de Moriat qui obtient le droit de refaire le terrier de son fief : sont relevées une vingtaine d’unités d’exploitation et les tenanciers qui en dépendent doivent les corvées d’entretien en échange de quoi ils ont le droit de se réfugler au château en cas de danger.

 

 

 

 

Dans le dernier tiers du XVI^e siècle, le château est possédé par Antoine Faure dont le fils, Jean, est un des rares nobles protestants du Livradois : réfugié à Genève, il revient en Auvergne et participe à la défense d’Ambert attaqué par les troupes royales. Après la destruction de son château en avril 1577 (³), il retourne à Genève jusqu’à sa mort.
Vers 1588, le Lac est acheté par un marchand d’Olliergues, Jean Bedias dont le remariage avec Marie du Floquet fait entrer le domaine dans cette famille ; c’est un Blaise du Floquet, seigneur de Chaméane, qui entreprend de restaurer le château, alors très endommagé. Vers 1700, il passe à la famille Madur qui le gardera jusqu’en 1852 après l’avoir restauré et orné de peintures murales.

Sources et bibliographie :
(¹) A. D Puy-de-Dôme, 1 G 6 n° 128,DROUOT (L), Recueil des actes des premiers seigneurs d’Olliergues et de Meymont, 1979, note 29, P. 170.Vers 1588 le château endommagé est acheté par Jean Bedias, marchand d’Olliergues, qui se qualifie de seigneur du Lac. Son remariage avec Marie du Floquet fait entrer le château par héritage dans la famille du Floquet. Après 1615, Blaise du Floquet, écuyer, seigneur de Chaméane entreprend de restaurer le château en mauvais état. Ses descendants prennent alors le nom de du Lac. Vers 1700, il passe aux Madur jusqu’en 1852.
(²) A. D Puy-de-Dôme, 1 G 47 f° 179bis, DROUOT (L), Notes et Documents pour servir à l’histoire du Livradois, du Vallorgue et des pays de la vallée de la Dore, 1995, P. 19.
(³) Relation de Villebois, BMIU, Clermont, P. 19.

Joseph GAGNAIRE, Les fortifications médiévales du Pays d’Ambert et ses abords, ACVAM, 2002, P. 306-308.