Auzon Vue d'ensemble (photo F. Burg)
Auzon Vue d’ensemble (photo F. Burg-Grahlf)

Estivales 2019 – Chassignoles, Saint-Vert, Auzon

Ce jour du 13 juillet 2019 amène 29 participants à circuler entre Puy-de-Dôme et Haute-Loire, à la découverte de lieux préservés au riche patrimoine soigneusement entretenu : Chassignoles, puis Saint-Vert et, enfin, Auzon.

Chassignolles

Avant le XIIIe siècle, les terres de Chassignolles devaient être sous la protection des chevaliers ou milites d’Auzon et des comtes d’Auvergne. La première mention de la famille de Chassignolles n’apparaît pas avant la 2e moitié du XIIIe siècle : l’héritière de cette famille transmet alors par mariage cette terre à celle des seigneurs de Chalencon, union qui donnera naissance à la branche des Chalencon-Chassignolles. La seigneurie passera ensuite, à la suite de mariages, dans la maison de Montmorin-Saint-Hérem, puis dans celle des Clermont-Chaste.

Chassignolles Eglise ND Façade Sud Chevet Clocher (photo F. Chommy)
Chassignolles Eglise ND Façade Sud Chevet Clocher (photo F. Chommy)

L’église Notre-Dame de l’Assomption. À cet emplacement, se trouvait le sanctuaire primitif des VIIe-VIIIe siècles. En 1077, le comte d’Auvergne, Robert II, en fit don à l’abbaye de Lavaudieu (Comps) à l’occasion de l’entrée dans les ordres de sa fille Judith. À la suite de cette donation fut édifié un petit prieuré dédié à Notre-Dame, abritant 2-3 moniales et, au XIIe siècle, une église en arkose a remplacé le sanctuaire.
Le prieuré fut occupé jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, et à la Révolution, ses terres et bâtiments furent vendus comme biens nationaux.

Chassignolles Eglise Notre-Dame de l'Assomption Façade Occid (photo F. Burg)
Chassignolles Eglise Notre-Dame de l’Assomption Façade Occid (photo F. Burg)

La façade Ouest de l’église abrite un portail exceptionnel du XIIe siècle, se trouvant autrefois sur le porche situé au Sud : encadré par 2 puissants contreforts et surmonté d’une baie romane, son linteau, en arc légèrement brisé, est couronné d’archivoltes à voussures ornées. L’archivolte romane supérieure est finement sculptée de feuillages stylisés et se termine par 2 personnages : à gauche un singe assis sur son postérieur, à droite un homme (dans la symbolique médiévale, le singe représente le Démon qui tente l’homme). En dessous, les 2 autres archivoltes en ogive, sont, l’une ornée de bâtons rompus, l’autre de moulures toriques (de forme semi cylindrique). Elles reposent sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés des figurines : à droite, un femme laissant échapper des serpents de ses seins et un homme représentant le pécheur chassé du paradis ; à gauche, une sirène bifide et un homme agenouillé repoussant une idole. Les 2 représentations féminines auraient un lien avec la luxure…
La porte, datant probablement du XVe siècle, est ornée de pentures forgées de la même époque. La poignée du vantail ouvrant figure un poisson…
Au XVe siècle, après l’effondrement du clocher, et avec l’aide financière des Montmorin, les seigneurs du château de Chassignolles, l’intérieur de l’église a été largement remanié : dans la partie Est, le berceau de plein cintre a été remplacé par une voûte en croisée d’ogives et le porche Sud a laissé place à la chapelle latérale abritant les fonds baptismaux.
Quelques chapiteaux sont intéressants :
-à droite de la nef : un singe grimaçant et un dragon ailé ;
-à gauche de la nef : une tête bestiale et une figure humaine ;

Vierge de Chassignolles (photo F. Burg)
Vierge de Chassignolles (photo F. Burg)

La 2e « merveille » de l’église est la Vierge en Majesté présentant l’Enfant tenant le Livre dans sa main gauche. Cette statue reliquaire du XIIe siècle est en bois marouflé peint : le voile qui descend depuis la tête de la Vierge ainsi que les robes des 2 personnages présentent un remarquable travail de drapés. Disparue à la fin du Moyen Age, cette statue fut retrouvée au village voisin de Jourchannes en 1938 et ramenée à Chassignolles dans la chapelle se trouvant à l’entrée du village. Depuis 1980, elle est abritée dans l’emplacement sécurisé actuel.
On remarque la présence d’un Christ en bois, grandeur nature, mutilé des 2 bras : il daterait du XVe siècle.

Saint-Vert

Après St Germain l’Herm, puis la visite de l’église et du château de Chassignolles, à quelques km de là, la descente sur St Vert plonge notre équipée jusqu’à ce joli village arrosé par le Doulon et le Vignon. Nous surplombons son église romane, sa maison prieurale et ses remparts, le tout environné de forêts et de verdure. Serait-ce là l’origine du nom de St Vert ??
Nous sommes à 1000 m d’altitude, St Vert compte 112 habitants actuellement.

Saint-Vert. Les remparts (photo F. Chommy)
Saint-Vert. Les remparts (photo F. Chommy)

Il est midi ; la municipalité nous a gracieusement ouvert les commodités de la salle des fêtes et nous déjeunons dans la grande prairie au pied des 2 tours d’enceinte, vestiges des remparts qui protégeaient le village fortifié.

Après le café pris à l’auberge, direction l’église du XIIe. Elle subit de nombreuses modifications au cours des siècles, notamment le rehaussement de la nef et du chevet, laissant voir des modillons à têtes d’hommes et de chevaux au niveau des 3 contreforts.

Saint-Vert. Intérieur de l'église (photo F. Chommy)
Saint-Vert. Intérieur de l’église (photo F. Chommy)

Le chœur voûté d’ogives date du XVe siècle. Il renferme une chaire classée depuis 1904 transformée récemment en autel et provenant d’une stalle de l’abbaye de La Chaise Dieu.

Sortons de l’église par le portail roman orné de colonnes à chapiteaux sculptés. Face à nous, les restes du château et du prieuré. Le vaste bâtiment a été acheté par la commune en 1869 pour y établir l’école de garçons, la mairie, ainsi que le logement de l’instituteur, du curé et de son vicaire. La République et l’Eglise sont logées sous le même toit !
Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1921, un incendie a dévasté le château dont il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie abritant notamment un grand escalier à vis en granit.
Voilà un village petit par le nombre d’habitants mais grand par son histoire….et on ne sait toujours pas qui était St Vert. Le nom de St Vert viendrait d’un « Sanctus Verus » qui était évêque de Vienne en Dauphiné au IVe.(En latin vérus signifie : vrai ou véritable).En route pour Auzon…

Auzon

Située sur un éperon rocheux, la ville était l’une des treize bonnes villes d’Auvergne. Les premières mentions de la ville datent de la fin du Xe siècle. Plusieurs familles possédèrent cette terre : les Bompar d’Auzon, les Montravel, les Montmorin, les Polignac puis les Peirenc de Moras. Au XIIe siècle, peut-être même avant, un mur d’enceinte protégeait le château, l’église et ses dépendances. Toute la ville fut ensuite fortifiée, ce qui devait lui donner un air de Carcassonne. Un différend survenu au sein de la famille comtale d’Auvergne entraîna un conflit avec le roi de France. A la suite de ces hostilités, la place forte d’Auzon entra en partie dans le domaine royal. Le roi de France eut son château en ce lieu, et posséda une partie importante de cette seigneurie. Les vestiges conservés comprennent un chemin de ronde, une halle du XII e siècle, un ancien château royal reconverti en couvent, un Hôtel-Dieu … Néanmoins, les remaniements ultérieurs rendent difficile la visualisation des vestiges.

La visite de la ville s’est terminée par le château seigneurial. Le propriétaire des lieux a servi de guide. Bernard d’Auzon, mentionné en 1078, est le premier seigneur d’Auzon connu. Le château est vendu comme bien national à la Révolution. Le château d’Auzon fit l’objet de nombreux réaménagements au cours des siècles. Il en résulte un site complexe, témoin de l’enchevêtrement des styles architecturaux correspondant aux différentes campagnes de construction ou d’aménagement. Les éléments majeurs du château sont des restes de tours, une galerie à arcades du XVIe siècle et une cave voutée.

La deuxième partie de la visite consista en une visite guidée de la collégiale.

Auzon Collégiale (photo F. Chommy)
Auzon Collégiale (photo F. Chommy)

Placée sous le vocable de Saint-Laurent, cette collégiale romane date du XIIe siècle, même si un édifice existait certainement avant. L’église est perchée sur un rocher au cœur du village. Le chœur, voûté en cul-de-four, repose sur un mur avec trois absidioles intégrant les chapelles non-rayonnantes. Circulaire à l’intérieur, il présente cependant à l’extérieur un chevet à cinq pans. Un porche ouvert appelé « ganivelle » est bâti contre l’entrée latérale. Il est élevé sur piliers et colonnes avec des chapiteaux portant des sculptures d’animaux, des devises et des scènes de la vie du Christ. La porte est garnie de ferrures du XIe ou XIIe siècle, en fer forgé et ciselé, elle est encore partiellement couverte de cuir.

Auzon Collégiale Peinture (photo F. Burg)
Auzon Collégiale Peinture (photo F. Burg)

Les deux chapelles superposées (dont celle du haut est dédiée à Saint Michel), ajoutées à l’époque gothique au nord de l’édifice, sont ornées de peintures dont l’iconographie complexe est très intéressante : Association des thèmes du Jugement Dernier, du Triomphe de la Croix, le cycle de l’Enfance et la passion de Christ. Comme autre élément remarquable, on peut retenir un Christ roman en bois du XIIe siècle ou XIIIe siècle et des traces de peintures du XVe siècle dans la nef.

Comptes-rendus de F. Robert, M-Cl Chartoire, E. Rolhion.

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