La visite se déroule sous la guidance de Jean Chautard. Après la visite du château et du bourg de Clavelier, le groupe s’arrête au lieu-dit Boutigou, sur les vestiges d’une verrerie. La sortie se termine par la découverte du Château de la Volpilière.
Clavelier
Le château était, jusqu’aux années récentes, aux mains de 32 propriétaires, puis de 2 personnes qui l’ont finalement vendu à la Communauté des Communes du Pays d’Arlanc, ce qui rend possible des interventions destinées à protéger ses vestiges.
La visite commence par les restes de la porte d’entrée du vingtin dont le bâti en pierres témoigne du niveau relativement élevé des revenus de la châtellenie (150 livres annuelles) obtenus grâce aux prélèvements effectués sur les ressources des habitants de la seigneurie.
Le vingtin formait une enceinte ovoïde renfermant des constructions parfois bordées d’un mur occulte celles qui se trouvaient au dessus du profond fossé situé au Nord du château.
Les 4 tours du château délimitaient un quadrilatère de 30 m de côté. Il n’en subsiste plus qu’une : ce donjon, d’un diamètre de 10 m, talussé comme les 3 autres et qui renfermait un escalier intérieur distribuant 3 niveaux dont il reste quelques traces. Une décoration de liserons était visible jusqu’au milieu du siècle dernier. Au pied de la tour, une salle voûtée renfermait le « trésor » du château, ses archives (1 700 documents), notamment les terriers qui précisaient ce que les habitants devaient aux seigneurs, le droit de prendre de l’eau, les litiges entre seigneurs …
La forteresse a été démantelée en 1633 : éventrement des tours, de la courtine… C’est ainsi que Richelieu a neutralisé les Grands Nobles qui, retirés sur leurs terres, fomentaient des révoltes contre le pouvoir royal.
Historique
Le 1er texte sur Clavelier remonte au XIIe siècle quand un Pons installe sa domination sur le lieu. Il impose sa protection aux petits seigneurs des environs moyennant une « aide ». La censive de Clavelier s’étendait sur 5 km environ autour du château : elle allait jusqu’à Cistrières, La Chapelle-Geneste, Mayres, Le Procureur.
La châtellenie est passée dans les mains de différentes familles. À la Révolution, un marchand (Choussy du Pin) achète Clavelier, qui est une ruine, moyennant 74 000 livres tournois et 2 200 livres en nature. Le domaine passe ensuite dans les mains d’un notaire d’Arlanc, Chassaigne, qui a fait construire un hôtel cossu devenu la mairie de la ville.
Les travaux de Michel Boy, s’appuyant notamment sur le terrier de 1450 qui nous est parvenu, présentent les 3 parties de la censive de Clavelier : le château, le vingtin et le village.
Le château : à l’origine, c’était probablement une motte castrale, c’est-à-dire une tour de bois avec basse-cour. C’est plus tard qu’il forme un quadrilatère trapézoïdal avec ses 4 tours talussées renfermant plusieurs bâtiments adossés à la courtine à mâchicoulis. L’ensemble auquel on accédait par un pont-levis était protégé par des fossés. La basse-cour, qui jouait le rôle de barbacane, renfermait les maisons des serviteurs du château.
C’est de la mi-XIVe à la mi-XVe que Clavelier, comme le reste du royaume, a traversé une période de grandes difficultés marquées par la Peste, la famine, les pillages et les multiples exactions accompagnant la Guerre de Cent Ans. À partir de 1450 s’amorce une période de calme relatif : c’est le moment où la Dame douairière de Clavelier fait établir le terrier déjà évoqué. On apprend que les revenus de la censive (150 livres par an) étaient versés en argent et en nature (setiers d’avoine, de blé, poules, foin, cire, poix, journées de travail…). On apprend aussi la compétition avec Saint-Sauveur pour la détention du centre paroissial.
Le vingtin délimitait un espace de 1,3 ha dont le centre semble avoir été vide. Il renfermait des maisons toutes dotées d’un four, dont celle du seigneur appuyée au fossé Nord, et une chapelle.
Le village. Situé en dehors du vingtin, il avait son propre fossé et une entrée à l’emplacement de la croix actuelle. Il contenait les masures du village, remplacées après la révolution, fin XVIIIe et surtout début XIXe par les maisons actuelles bâties en bonne partie avec des pierres empruntées au vingtin, par exemple celle dénommée « chez Nicoula » avec ses 3 pierres issues de la chapelle du château (une piéta, un franciscain, un St-Roch).
Le Boutigou
Il est possible qu’un fond de cabanes (une excavation avec des murs éboulés « explorée » en 2002), soit le site de la verrerie du Boutigou. Les premiers travaux de verrerie, à l’âge du Bronze, produisaient des cabochons opaques. Vers -1500, l’obtention d’une température plus élevée donc d’une fusion plus complète permet la fabrication de verre translucide.
Au début de l’ère chrétienne apparaît la pratique du verre soufflé : les premiers ateliers importants se trouvent à Sidon. De la Syrie, la technique gagne Constantinople puis l’Italie (Murano). Il y a une production importante quoique mal connue durant le Haut Moyen- âge. Vers 1330, apparaît la fabrication du verre en couronne. Et les techniques de coloration évoluent progressivement.
Il faut rappeler la portée qu’a eu le verre comme matériau : les lorgnons pour la lecture, les lentilles pour les lunettes astronomiques, la fabrication de cornues, baromètres…. d’écrans plasma…
Au Boutigou (territoire appartenant à la Dame de Clavelier) s’installent les Pons de la Volpilière grâce à un bail emphytéotique. Le seigneur de la Volpilière versait un loyer de 5 sous tournois ou 10 douzaines de verres.
Là se trouvaient le sable (ruisseau du Boutigou), l’argile (pour les creusets), les hêtres (pour le bois de chauffage), les fougères (pour abaisser la température des fours) et la force hydraulique du ruisseau (meules pour broyer la silice).
Il y avait 3 fours de cuisson :
- 1 four pour tous les fondants (formation de la paraison) ;
- 1 four pour former une bulle de verre (fabrication des pièces en se maintenant devant le four) ;
- 1 four pour mettre la pièce en lente cuisson et en progressive diminution de température.
Le site a été abandonné quand les techniques de fabrication du verre sont devenues plus « industrielles ».
Château de la Volpilière
Compte-rendu Françoise Robert
Pour voir le diaporama réservé aux adhérents, suivre le lien.
Le Grahlf a visité ces lieux en 2002. Voir le compte-rendu et les photos de l’Estivale 2002.