Cette exposition permet d’aborder les thèmes suivants :
Les tourbières, archives de l’humanité et du climat
L’eau sur les Hautes-Chaumes du Forez : réseaux hydrauliques, pastoralisme, jasseries…)
L’histoire de la rivière Dore
L’eau nourricière bienfaitrice (avec les sources thermales et minérales) et l’eau nourricière (avec la pêche)
L’eau domestiquée : du puits au robinet (serves, fontaines…)
Les conflits nés du partage de l’eau (usages, détournements, bornes).
Les tourbières sont des milieux humides saturés en eau tout au long de l’année.
Leur localisation est liée au climat et à la topographie qui peut favoriser le piégeage des eaux. Le maintien en surface, ou très près de la surface, d’une nappe d’eau (phréatique) privé d’oxygène les bactéries, champignons et autres micro-organismes. Cet excès d’eau ralentit considérablement la décomposition des animaux et des végétaux. La matière organique incomplètement décomposée s’accumule ainsi au fil du temps et constitue la tourbe.
L’eau sur les Hautes-Chaumes du Forez
La problématique liée à l’eau est, depuis des temps reculés, un enjeu important ayant entrainé́ des constructions dont l’ampleur est souvent en rapport avec ses exigences fondamentales.
Dans le cadre des Hautes Chaumes, trois besoins ont été identifiés :
Le premier est lié aux activités domestiques : cuisine, préparation des repas, boisson, toilette…
L’activité d’élevage ou pastoralisme pratiquée sur place est le second. Il a ses exigences hydrauliques propres : nettoyage des lieux de parcage, fabrication des fromages, irrigation et fumage des prairies, fourniture d’eau pour désaltérer le bétail.
L’utilisation de la force hydraulique est le troisième. Il a été de plus en plus présent au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la période moderne. Cette recherche d’énergie n’était sans doute pas liée directement au milieu prospecté mais indirectement en tant que point de départ et fournisseur principal. Cette transformation d’énergie est, dans ces montagnes du Forez, liée à la meunerie et aux scieries.
L’eau bienfaitrice et nourricière
A la cassure des terrains sédimentaires (plaines, vallées) et terrains cristallins (reliefs, montagnes), l’eau jaillit pour offrir ses bienfaits. De nombreuses sources thermales et minérales voient le jour sur le territoire du Livradois-Forez. On y soigne les embarras gastraux-intestinaux, les problèmes rénaux, urinaires ou génitaux, cutanées.
Au XIXe siècle, le Dr Bravard-Deriols avaient recensé une vingtaine de pathologies pour « lesquelles les eaux de la source des prairies à Arlanc pouvaient être employées avec le plus grand succès ».
Un texte du XVIIe siècle règlemente la pêche à l’Étang de Riols à Marsac.
L’histoire de la Dore
La rivière est longue de 138 km, de sa source dans le Haut Livradois, au Bois de Berny, à 1065 m d’altitude (commune de St Bonnet-le-Bourg), à sa confluence avec l’Allier dans la Limagne à 266 m d’altitude (commune de Ris).
Dans la Haute vallée de la Dore à Saint-Sauveur-la-Sagne, la rivière coule dans des fonds de vallons, puis s’encaisse dans de profondes gorges avant d’accéder à la plaine d’Arlanc.
Après la confluence de la Dorette à Dore l’Église, le tracé de la rivière s’oriente Sud-Nord ; la vallée s’élargit progressivement et la pente s’abaisse. La Dore trace alors des méandres libres dans la plaine d’Arlanc.
A la Tour Goyon, tandis que la pente s’accentue rapidement, la rivière, qui s’écoule vers le N-W, s’encaisse profondément dans le plateau cristallin.
La rivière débouche enfin dans la Limagne au pont de Courpière avant de rejoindre l’Allier, 40 km plus loin, selon une orientation Nord-Sud.
L’eau domestiquée
Les bornes et bornes fontaines
Le 14 décembre 1848, un arrêté́ du maire Michel Maisonneuve ouvre une souscription volontaire afin d’occuper les ouvriers indigents pour améliorer les fontaines publiques et en établir de nouvelles. En 1851, l’argent récolté finance les captages effectués permettent d’alimenter la ville de 800 m3 quotidiens. La même année, un emprunt permet d’organiser la distribution urbaine par fontaines et bornes-fontaines. En 1904-1905, de nouveaux captages dans des communaux de Goure, Bunangues et Chaudabris alimentent le réservoir de Bost. Puis en 1932, d’autres captages effectués au bois du Pirou et à la Vaisse en ont augmenté́ la capacité́.
Les puits et les fontaines
L’alimentation en eau potable se faisait principalement par les puits qu’ils soient publics, accessibles dans la rue ou privés chez les habitants.
Les fontaines publiques étaient alimentées par deux sources captées hors les murs, la source du puits Martinent (côte St Joseph) qui fluait à la fontaine de la Barrière proche de la porte médiévale éponyme (aujourd’hui place des Minimes), et la source de la Fontréale, issue du pré des Granges.
Cartes et serves
Présentes dans tout le Livradois-Forez, les cartes sont de petits bâtiments (parfois semi-enterrés), fermés par une porte, destinés à diviser l’eau captée d’une source au profit d’ayant-droits d’un village.
D’une fonction de répartition d’eau, les cartes se doublaient parfois d’une fonction domestique.
Véritables petits réfrigérateurs campagnards, les cartes partiellement remplies d’eau servaient à maintenir le lait au frais, en bidons ou biches de grès, et faire monter à sa surface la crème nécessaire à la fabrication du beurre.
Dans les jardins, les serves sont alimentées en eau, par la nappe phréatique ainsi que par la récupération de l’eau de pluie des bâtiments qui les entourent. Leur taille, leur forme, varient selon les jardins ainsi que leur profondeur. Certaines possèdent des escaliers pour puiser l’eau lorsque le niveau baisse. Elles sont parfois entourées de margelles de pierre de Volvic.
L’eau canalisée
L’aqueduc des Granges
Dans le pré des Granges, un aqueduc largement déconstruit enjambe le ruisseau de la Portette sous la rue du 19 mars 1962. Aujourd’hui, il n’a plus que 3 arches en plein cintre pour une longueur totale de 21 m. Mais il a été beaucoup plus long (80 m environ).
C’est un aqueduc, donc une construction prévue pour un écoulement gravitaire, d’environ 1 m 20 de large, couverte par des dalles de pierre.
Le ruisseau de la Portette
Le ruisseau de la Portette (ou Fontréale) descend des hauteurs de Combris, Mareynat et Chaudabris pour rejoindre la Dore en longeant Ambert par le Nord. Depuis le Moyen-âge, son cours a été plusieurs fois modifié, passant à l’intérieur ou hors des remparts du XVe siècle. Lors de la destruction de l’enceinte en 1762 « son cours a été rejeté du côté́ des jardins en l’éloignant de la ville » (Curé Collangettes) pour suivre le tracé du nouveau boulevard (bd de l’Europe).
La couverture du ruisseau ainsi canalisé a débuté́ au XIXe siècle lors de l’aménagement de l’entrée Nord de la ville.
Le ruisseau de Valeyre
Le ruisseau de Valeyre qui provient de la confluence des ruisseaux de Gourre et de Lagat coule au sud de la ville pour rejoindre la Dore. Une partie de son eau a été détournée et canalisée pour former les « levades » ou biefs qui alimentaient les nombreux moulins en amont d’Ambert ainsi que les tanneries et le moulin de Chinard, seul moulin à l’intérieur des remparts du XVe siècle. En aval, après avoir entraîné d’autres roues, le bief de la ville rejoint le ruisseau de la Portette pour le longer jusqu’à la Dore.
Entre le XVe et le XVIIIe siècle, l’eau du bief remplissait aussi le fossé occidental de l’enceinte qu’on peut situer à la place du boulevard Sully actuel. Il entrait à l’intérieur des remparts, pour suivre le mur, un chemin entre les deux. Depuis le début du XXe siècle, le bief est couvert sur toute la traversée de la ville, avenue Emmanuel Chabrier, boulevard Sully et place Georges Courtial.
Partages et conflits
Les bornes seigneuriales
Les bornes seigneuriales armoriées des Allebasses (8 à l’origine) ont été mises en place, suite à un accord de bornage signé le 1er septembre 1518 entre les Tourzel, seigneurs d’Allègre, de Viverols, de Baffie, et les Polignac, seigneurs d’Ambert et de Riols.
Cet accord était censé mettre fin à des siècles de conflits concernant les Hautes Chaumes, conflits divisant les usagers du sol à propos des paturages d’estive, des bois d’altitude mais aussi des sources, des ruisseaux qui, des hauteurs du Forez, alimentent les moulins des Vallées de Grandrif-Chadernolles et de Valeyre-Ambert.
Les conflits
Entre 1875 et 1877, un conflit oppose un cultivateur du lieu-dit Les Ballays aux 9 habitants du village qui lui reprochent des travaux qui « auraient intercepté les eaux d’une fontaine publique ».
Si ce conflit aboutit à une solution, il n’en est pas toujours de même. Ainsi,
Dans son ouvrage «TOINOU», Antoine SYLVERE relate un conflit similaire :
Les eaux courantes qui descendaient de la Font-des-Bois, détournées par le grand fossé longeant le haut des prairies, étaient la cause d’un litige toujours ouvert entre les Baudouin et les Besse. Ces eaux devaient, par alternance, irriguer l’un et l’autre fonds et, par des rigoles taillées en déversoir, féconder les prairies dont le foin serait la subsistance d’hiver pour un bétail d’une voracité décourageante.
Toinou assista aux disputes des Baudoin avec leurs voisins «les Besse».
On ne peut pas les prendre les cochons ! La nuit ils viennent enlever les mottes et nous on a pas d’eau. C’est tout sec quand vient le matin… et chez eux on enfonce à pleins sabots.
La situation s’envenima, disputes, insultes… Désespéré, le Baudoin pensait qu’il ne pourrait nourrir ses bêtes faute de foin. Il faudrait partir… Eh bien soit ! Il tomberait, mais non sans vengeance… Il se leva… gagna le couadou et pris son taille- pré, pioche au fer large et lourd dont la tête est surmontée d’une oreille tranchante comme une hache.
Le lendemain tout le village apprend la mauvaise nouvelle. Eh bien il a tué le Pierre de chez Besse… l’a complètement démembré…
Le Baudouin avoua, passa en cours d’assises et fut condamné à 10 ans de travaux forcés et il mourut peu de temps après.
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